Quatrième de couverture en première page


Le Petit Manuel à l'intention des extra-terrestres parlant français se veut être un ouvrage décalé -de trente centimètres vers la gauche- qui présente, sous forme humoristique, une série d'articles plus ou moins bien choisis sur des sujets aussi divers qu'inintéressants, à destination des éventuels visiteurs extra-terrestres venant en visite cordiale sur notre planète. Dans la mesure où leur propre monde ne s'appelle pas également « Terre ». Et où ils parlent français.

Allant du point A au point B en passant par les points C, D, U et K avant de faire demi-tour, la liste non-exhaustive de sujets abordés est aussi explicitement absurde que les thèmes eux-même sont incomplets. Participatif, parfois illustré, sans doute jamais publié et bien rarement lu, le Petit Manuel -dont la couverture n'est pas rouge pour éviter toute confusion- ne restera pas un ouvrage de référence possédé par tous.

Critique de la société d'un point de vue plus ou moins juste mais totalement subjectif, il est à compléter par tous les Terriens ayant suffisamment de doigts et d'esprit pour écrire. Pour contribuer à cette grande aventure terrienne, envoyez vos articles à : petitmanuel@live.fr

2012-07-12

Le Café


Le Café


Le café est une boisson odorante, liquide et brune, dont la couleur varie du marron clair au noir foncé selon la manière dont elle est préparée. Le goût et son intensité sont tout aussi aléatoires. Bue généralement chaud voir même brûlant, le café s'accompagne de sucre, petit gâteaux à la cannelle et oreille compatissante, selon les goûts et les moyens de chacun.

Mais avant d'être un liquide odorant, le café se trouve sous forme de graine ronde et souple, ou conique et plastifiée, dont une machine sophistiquée extrait le jus. Toutefois, dans les temps plus reculés, le café devait se moudre avec un moulin -un de ces appareils à hélices ressemblant à une maison et se trouvant généralement en Hollande (à ne pas confondre avec les éoliennes qui elles, ne servent qu'à, bien inutilement, battre l'air). Puis, avec l'évolution technologico-commerciale, le café déjà moulu n'avait plus qu'à se placer dans un filtre, lui-même dans une machine à eau -autre sorte de moulin, sans hélices, électrique et électroménager- pour obtenir le précieux liquide. A noter que ces machines à café sont encore utilisées de nos jours, bien que progressivement remplacées par celles, plus onéreuses et remplissant moins de tasses, qui fonctionnent avec les graines reconditionnées et elle-même beaucoup plus chères que le café moulu en sachet.
Dans le cas d'un utilisation de ces anciennes machines à café, il vous faudra donc employer un indispensable filtre, chose en papier blanc, servant, comme son nom l'indique, à filtrer. Bien que pouvant faire occasionnellement office de chapeau. (Ne pas avoir peur du ridicule quand même. Comme pour les casseroles, passoires, seaux et journaux en papier pliés d'ailleurs.)

Fondamentalement, le café est un excitant -mais pas un aphrodisiaque pour autant- à cause de la caféine qu'il contient. D'ailleurs, nombreuses choses se terminant en ''-ine'' sont des excitants : théine, adrénaline, cocaïne, Juvamine. Composant essentiel (mais pas indispensable) de tout bon petit-déjeuné, c'est la boisson la plus commandée dans les bars et autres troquets. Dans les établissements sus-cités il vous faudra, pour le boire, débourser une somme non proportionnelle à la quantité de liquide obtenu ; liquide lui-même bien en-deçà de la quantité nécessaire pour que la caféine fasse effet sur l'organisme. En clair, vous paierez trop cher pour une toute petite tasse que vous filtrerez naturellement en quelques minutes sans pour autant profiter de l'état d’énervement lié à la caféine. Encore que cet état puisse être provoqué par les tarifs excessifs pratiqués par le bistrot du coin ou encore le pilier de bar qui s'enfile un whisky à dix-heures du matin en vous faisant la causette. Mais revenons quelques instants sur le corps humain, merveille de la nature -de Dieu ou d'un scientifique taré, selon les croyances- qui, lui aussi, telle une carafe à eau de marque, possède un pouvoir filtrant. Toutefois, même si les reins fonctionnent correctement -sauf si vous êtes le pilier de bar précédemment décrit- avaler directement de l'eau et du café moulu ne vous fera pas pour autant métaboliser du café. Celui-ci ressortira clair, odorant et chaud, certes, mais le goût sera bien loin de celui du café. Libre à vous de le boire quand même.

Car oui, le café se compose à 85% d'eau -comme le corps humain bien que n'ayant aucun rapport-, ainsi qu'à 14% de café (dont 13,99% de caféine proprement dite), et à 0,001% de particules de filtres en papier. Le tout permet de faire une, voir plusieurs -voir de ne pas travailler du tout-, pauses dans la journée, notamment pour les secrétaires et les fonctionnaires surpayés. La ''pause café'' se fait généralement autour d'une imposante machine à café appelée ''distributeur'' qui, en échange d'une modique somme fournit sous forme de pièces dont elle ne rendra pas la monnaie, vous délivre un gobelet en plastique seulement à moitié remplit de café et parfois accompagné d'un petit bâtonnet en plastique -non-comestible bien que souvent mâchouiller par les consommateurs- purement décoratif et nommé ''touillette'. Toutefois, les distributeurs proposent et servent aussi autre chose que du café, tel des chocolats chauds, du thé, ou encore l'improbable soupe de tomates.

Cultivé dans des pays pauvres, bien que développés, et consommé dans des pays riches qui aident les pauvres à se développer, le café est une boisson mondiale. Même si vous la trouverez surtout dans les pays riches qui payent d’onéreux frais d'importations pour en déguster. A contrario, les pays pauvres producteurs, qui ne paieraient pas de frais de transport, eux, ne boivent pas de café. Cette observation n'est cependant pas valable pour d'autres boissons, telle le thé, cultivé en Chine et but par une majorité de Chinois, ou le soda sombre et pétillant, produit aux États-Unis et avalé par... par tout le monde en fait.

Il existe également différentes essences de café, qui restent cependant une affaire de connaisseurs. Le novice qui prend le sien tout les jours au bistrot du coin, ou le fait lui-même à domicile, n'y verra qu'un liquide noir et chaud idéal pour commencer la journée, et sera plus sensible à l’emballage qu'à la saveur. D'ailleurs, la provenance est souvent lointaine (café de Colombie, d’Équateur, du Guatemala) et de pays dont le consommateur n'ira sans doute jamais mais qui sonnent exotiques. Par ailleurs, plus le pays sera lointain et plus l'emballage sera cher, alors même qu'il s'agit sans doute d'un mélange de grains provenant de divers régions d'un même pays, voir même de différents pays d'une même région du monde. D'autant que les paysans sous payés d'Amérique du sud n'ont rien des belles images apposées sur les paquets : le producteur au fin fond de sa plantation n'a pas forcément vue sur le Cristo Redentor de Rio. Sauf peut-être s'il fait parti d'un réseau de commerce équitable avec lequel, à l'âge de la retraite et grâce aux quelques centimes qui lui sont reversés sur chaque paquet de café vendus trente-fois ce qu'il gagne, il pourra se payer un trajet en bus de plusieurs heures jusqu'à la fameuse statue. Ce qui est toujours mieux que le paysan voisin qui, lui, ne fait pas parti du réseau de commerce équitable et qui touche trente fois moins que son confrère sur chaque paquet de café vendu.

En conclusion, pour les individus habitant les pays riches et développés, se payer un café, c'est déjà voyager ! Surtout en temps de crise économique...


Mad
Juillet 2012