La
météorologie
« La
meteo est une science qui permet de connaître le temps qu'il aurait
du faire. »
Philippe
Bouvard
(Philosophe
français)
La météorologie, plus
couramment appelée « météo » -en effet, les humains
vivants sur Terre aiment tout particulièrement les diminutifs de
certains mots courants finissants en « -o », tels vélo,
moto, frigo – est une science inexacte parmi les plus appréciées.
Son domaine d'étude tout
particulier s'appuie sur les prévisions du temps qu'il va faire dans
une durée limitée à quelques jours, voir quelques semaines tout au
plus, les mesures étant d'autant moins précises que les prévisions
sont faites longtemps à l'avances.
Les résultats des
travaux des chercheurs spécialisés, et dont personne ne connaît
pourtant le travail exact, est livré au grand public plusieurs fois
par jour, notamment à la télévision, qui est son support le plus
connu et le plus populaire, sous la forme de « bulletin
météo ». Cette source d'information, qui touche tout le monde
que l'on s'en occupe ou non, et le rendez-vous télévisuel qu'il
impose depuis des années maintenant, est indispensable pour certains
et incontournable pour d'autres. Les Terriens sont en effet très
préoccupés par le temps qu'il va faire, à défaut de se soucier de
celui qui passe. Non pas tellement par crainte d'une quelconque
divinité exprimant sa colère à travers nuages ou éclairs, que par
soucis de ne pas avoir de sujet de conversation avec leurs paires.
En effet, le temps est un
sujet courant, servant notamment à engager la conversation, que ce
soit avec des amis, des collègues de travail ou des inconnus de
préférence âgés et à demi-édentés. Le sujet peut-être abordé
avec n'importe qui donc, et quel que soit le moment de la journée ou
le lieu.
La météo télévisuelles,
quel que soit le canal ou la chaîne, est formatée sur un modèle
qui semble être unique et se compose donc toujours globalement de la
même manière, avec de grandes similitudes donc entre les différents
bulletins. Des cartes illustrées défilent derrière un ou une
présentateur/trice à l'humour plus ou moins drôle et habits plus
ou moins à la mode, tandis que celui ou celle-ci les commente. Les
cartes, représentant le pays ou la région concernés, sont
illustrées de petits dessins schématiques et simples, facilement
reconnaissables. A partir du moment où l'on sait ce qu'ils
représentent, évidemment. De plus, ces petits dessins sont
dupliqués autant que nécessaire pour remplir convenablement la
carte, sans pour autant refléter une réalité. En effet, une
dizaine de soleils ne brillent jamais au-dessus de la France, tout
comme les nuages gris ne ressemblent que rarement à ceux dessinés
par un enfant de quatre ans. De même, le soleil n'est en réalité
ni rond, ni jaune et avec un nombre de rayons précis et
rectangulaires bien délimités. Mais c'est là la grande force des
humains vis à vis de leurs systèmes de représentations : même
avec une paire de lunettes noires et un grand sourire, ils
reconnaîtraient leur étoile.
Parfois, ces cartes sont
plus animées, montrant alors courants ascendants et descendants,
détails des anticyclones, masses d'airs et autres choses passant
bien loin au-dessus de la tête du néophyte. Ce-dernier passe alors
plusieurs minutes à déchiffrer visuellement ce que la carte
représente, temps souvent bien trop court, la carte suivante ayant
déjà remplacée l'énigmatique première.
Pourtant, la météo
emploi bien peu de termes techniques et spécifiques à sa science
afin de rester à la portée du plus grand nombre et, de fait,
facilement compréhensible. Elle passe tout de même pour une science
nécessitant des recherches complexes et les présentateurs sont
admirés pour leur travail. Et détesté de l'inexactitude non feinte
de celui-ci.
Les cartes sont très
souvent présentées en alternant, ou suivant, petits dessins et
températures. Ces-dernières sont indicatives de relevés effectués
au lever du jour, à six heure et sous abris. Ou un truc du genre.
Elles sont donc toutes relatives et surtout fausses, ou du moins
inutiles, sauf si vous êtes debout au lever du jour, à six heure et
sous abris, donc que vous êtes soit métrologue, soit fêlé, soit
sans-domicile fixe. Toutefois, dans ce-dernier cas, il est douteux
que vous regardiez la météo puisque ayant peu de chance que vous
possédiez une télé.
La convention veux aussi
que cette alternance soit découpée en deux périodes de la journée,
toutes imprécises soient-elles, à savoir le matin et l'après-midi.
Si vous devez donc sortir en pleine nuit, il n'y a pas de prévisions.
Le monde s'en fiche bien de ceux qui vivent et travaillent la nuit.
Considérés comme des fêtards, des vampires et on en passe, vous
pouvez vous démerdez et vous habillez comme bon vous semble. Les
frais de médecin en cas de maladie chopée à cause d'une erreur
d'habillement suite à la défaillance dans le système météo n'est
bien évidemment pas pris en charge.
L'autre convention, qui
est en fait bien variable selon les chaînes de télévision -et
seule une observation régulière vous donnera les clefs compètes de
compréhension- est un code couleur. A savoir, lorsque le temps prévu
est au beau fixe, les cartes -ou du moins leurs fonds- sont oranges,
tandis que lorsque la pluie ou le mauvais temps est annoncé, le fond
de carte vire au bleu-gris. Bien que, parfois, la couleur bleue ne
sert qu'à désigner le ciel.
D'ailleurs, la notion de
« beau ou mauvais temps » est ancrée dans les mentalités
des Terriens qui partent du principe qu'un soleil brillant et chaud
dans un ciel dégagé est un temps agréable, alors que la pluie, si
bénéfique soit-elle, est un « temps de chien »
(comprendre un temps où le domicile va sentir le chien mouillé).
Mais ces cartes
météorologiques ne sont que des prévisions et sont, dès le
départ, annoncées comme telles. Que ce soit dans le titre même du
programme télévisé ou par les « indices de confiance »
qui, sur une échelle de 1 à 5 (l'indice 5 étant la confiance la
plus forte), semblent préciser que tout cela n'est qu'une grosse
farce. La confiance est en réalité dans le programme télévisé
envers ses fidèles spectateurs.
Si les bulletins
météorologiques ne sont donc qu'une vague indication du temps qu'il
va faire, à quoi servent-ils ? Ils se veulent avant tout
informatifs, c'est un fait, même si l'information reste bien vague
et imprécise. Mais leur autre intérêt, si ce n'est le but ultime
de l'existence de ce petit programme court, est de meubler le
journal, principale source d'information télévisée, lorsque
celui-ci est en manque de sujets. Que les bulletins météo
interrompent le journal plusieurs fois ou que le journal télé fasse
des « Éditions spéciales » sur la météo, les deux
sont devenus indissociables. Les deux se suivent et se précédent
d'ailleurs. Les « Éditions spéciales » sur les
conditions météorologiques jugées exceptionnelles (comprendre
« normales mais on est pas habitués et préfère en faire
toute une édition spéciale »), prennent souvent plusieurs
minutes dans le journal télévisé, plusieurs fois par jour et sur
plusieurs jours. De quoi donner de la matière à discussion et, pour
les journalistes, de traiter une multitude de sujets connexes
(notamment sur les chaînes populaires et généralistes), allant du
prix du bois de chauffage à la déshydratation des personnes âgées.
Mad
Mars 2012